Le principe de la désintégration de Dabrowski bien connu en psychologie et souvent appliqué à la douance, c’est un peu comparable à l’ascension de l’Everest – pour reprendre la métaphore de Patricia Lamare. Plus on monte, moins il y a d’oxygène et les aventuriers se font rares.
La grande majorité des gens (en général) ne dépasse pas le camp de base.
Ceux qui sont un peu plus aventureux vont aller explorer les camps 2, 3 et 4, c’est là que la désintégration commence et que la personnalité se développe.
Certains vont parvenir au sommet – le niveau 5 – après bien des turbulences et des tempêtes. C’est l’intégration finale.
La désintégration commence au niveau 2 et peut être :
- à un seul niveau, à plusieurs niveaux, ou pathologique
- partielle ou globale
- permanente ou temporaire
- positive ou négative
Elle provoque une hiérarchisation des valeurs et la prise de conscience d’un niveau universel de valeurs humaines élevées selon ces critères
- l’essence individuelle – les talents, les capacités et les caractéristiques personnelles uniques (le sens de soi)
- l’essence sociale – les liens avec les autres et le monde en général (le sentiment d’appartenance).
Cette théorie, très bien expliquée aussi en anglais sur ce site postule donc que la construction de la personnalité chez un humain adulte :
- Connaît des étapes
- Que ces étapes sont de type psychonévrotiques avec les symptômes suivants
- excitabilité mentale accrue
- anxiété
- dépression
- culpabilité
- inhibitions et ambivalences
- Que chaque étape inclut une mésadaptation à son environnement avant de parvenir à une adaptation avec l’environnement souhaité (changement de valeurs) suite à des choix conscients.
- Que les niveaux supérieurs sont ceux où la déstructuration est complète et même recherchée pour pousser la reconstruction selon de nouvelles normes et valeurs
- Qu’au dernier niveau on voit l’apparition d’une personnalité unique et individuelle, un moi stable porté par des valeurs universelles et une conscience de soi stable.
- Autrement dit :
- nous sommes construits au départ avec un paquet de blocs Lego : nos acquis, ce qui vient de l’extérieur (biologie et croyances, systèmes de valeurs sociales et familiales)
- nous faisons le choix de démonter les blocs : grande instabilité qui fait parfois sortir du jeu et revenir aux acquis, plus confortables (2) et (1)
- conflits avec l’extérieur et conflits internes : nous ne savons plus trop quoi faire avec des blocs dispersés, certains deviennent inutiles. Identification aux autres (2) ou insatisfaction envers soi (3)
- nous avons de la difficulté à lâcher des blocs qui sont pourtant devenus inutiles voire nuisibles, nous prenons en compte tous les blocs récoltés par l’expérience, nous comptons sur nos propres forces – alternance d’empathie et de centration extrêmes (4)
- Nous nous reconstruisons à partir d’un plan interne en choisissant nos blocs (5)
Le dernier niveau est constitué d’un mélange de blocs héréditaires, de blocs sociaux et de blocs qui sont les aspirations supérieures de la personne : un idéal de personnalité qui sert de modèle à la nouvelle construction
A ce dernier niveau les fonctions cognitives, émotionnelles se développent en même temps et de façon accélérée, ce qui explique les difficultés psychologiques mentionnées en début de billet. L’accompagnement devient alors très difficile à moins d’avoir établi un lien de confiance solide et d’être absolument sans jugement sur les états extrêmes que la personne traverse.

Le mouvement au niveau 4 pourrait être décrit comme une spirale qui s’enroule sur elle-même vers l’intérieur tant le mouvement est à la fois dense et de plus en plus incrémentiel, une marche à la fois, jusqu’à l’arrêt nécessaire pour la maturation/digestion du processus.
L’arrêt est indispensable, il s’impose de lui-même. La spirale s’arrête au centre.
Le niveau 5 peut alors se déployer dans une autre spirale qui s’enroule cette fois de l’intérieur vers l’extérieur, depuis un centre unifié et apte à rayonner.
Cover Photo by Fran Jacquier on Unsplash
Une analyse passionnante des étapes de la construction individuelle, qui permet de mieux comprendre à quel point le processus est nécessairement progressif, associé à des étapes qu’il faut prendre le temps d’intégrer.
Accepter d’être dérouté, dérangé (« dé-rangé ») voire chamboulé, pendant ces étapes est une ci Dion nécessaire à une véritable (re)construction.
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Condition nécessaire, pardon 😉
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Oui et même la personne choisit d’être dérangée passé un certain stade – les 3 et 4. Elle devient le moteur de sa propre évolution. C’est pas forcément plus facile car c’est piloter sans visibilité claire et construire en avançant. C’est passionnant cependant!
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A reblogué ceci sur Cet élève a du potentiel mais….
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Merci pour cet article qui s’applique à la douance mais aussi à toutes les autres montagnes que peut avoir à gravir une personne.
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Merci pour votre commentaire!
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J’aime beaucoup la métaphore avec le bloc lego. C’est une belle image de la construction d’une personne. Belle analyse. À te lire, j’aspire au bloc 5 après la pandémie. 🙂
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